“On a la chance d’être en bonne santé, mon conjoint, moi-même et nos enfants, mais se pose la question de l’exposition à long terme même si aujourd’hui tout va bien. On finit par envisager toutes les solutions, même extravagantes. Ce qui m’ennuie le plus c’est de pouvoir envisager à long terme de vivre dans un climat de psychose. C’est là-dessus que notre qualité de vie au quotidien serait extrèmement dégradée, d’ailleurs elle l’est déjà finalement. On commence à se dire : ‘je ne peux pas aller faire du ski de fond à Chamonix parce qu’on est en fond de vallée, on ne va pas faire d’efforts intenses, on ne va pas aller à tel endroit emmener les enfants parce qu’ils ne vont pas respirer un bon air’. On y pense en permanence”
Conscients du problème, désormais sur-informés, Betty et Christian tentent d’agir contre cette pollution “angoissante” au quotidien. Ils sont prêts à faire plus pour qu’un jour l’air de la vallée de l’Arve redevienne respirable toute l’année. Christian sait aussi que leurs bonnes pratiques en matière de transport ou de chauffage, si elles restent isolées, n’auront que peu d’effets :
“On a des voitures diesel, on aimerait bien investir dans le futur dans un véhicule électrique. Il faut bien commencer par un bout… Par rapport au système de chauffage de notre maison , car c’est le chauffage individuel qui a été montré du doigt comme la cause principale de la pollution dans la vallée, nous on avait un foyer ouvert et du coup on a bénéficié du fond ‘Air/bois’ mis en place en 2013 pour mettre un insert avec flamme verte. Mais le problème c’est qu’en pic de pollution, on le fait même pas tourner parce que , même s’il pollue moins , on ne veut pas rajouter de la pollution supplémentaire”.
Et Christian rêve de mesures ambitieuses :
“Nous les ‘mesurettes’ qu’on a eues ici, elles nous ont beaucoup déçus. Bon, c’était une alternance de circulation sur les camions ‘Euro 3’, c’était des restrictions de vitesse, sans contrôle… Il y avait des restrictions, des mesures mais qui n’étaient pas surveillées, pas appliquées correctement. Alors que nous, finalement, face à cette pollution, on est prêts à accepter beaucoup de choses et aussi à accepter des mesures contraignantes de la part de nos politiques. Nous, on rêverait de mesures ambitieuses comme avoir l’objectif que dans cinq ans le diesel ce soit terminé dans la vallée de l’Arve. Dire que dans cinq ans, il n’y aura plus un seul foyer ouvert, et en période de pic de pollution, il n’y aura plus aucun feu de cheminée autorisé. C’est ce qui manque, de l’ambition. Sans quoi, on se pose la question de déménager un jour parce qu’on ne veut pas faire subir çà à nos enfants pour les premières années de leur vie. C’est terrible en fait”.
Et d’ajouter :
“Chacun est responsable de son travail. Moi j’emmène des gens en montagne, j’essaie de les ramener en bonne santé et qu’ils soient contents. Si je n’y arrive pas, j’arrête de faire mon travail. Ce doit être pareil pour les politiques : qu’ils cessent de gesticuler et qu’ils fassent leur travail pour nous garantir une bonne santé”.
Des “malades de la pollution”, Jocelyne Just, pédiatre, pneumo-allergologue en a vu arriver des centaines ces dernières semaines dans le service qu’elle dirige à l’Hôpital Armand Trousseau à Paris. Asthmatiques en crise, personnes ayant de grandes difficultés respiratoires pendant ces pics de pollution qui ne doivent pas cacher selon elle le vrai problème des grandes villes ou des vallées polluées : celui d’une pollution de fond toute l’année.
Jocelyne Just ne saurait trop conseiller à la population de s’informer et prendre les choses en main pour pousser à une vraie prise de conscience du problème par les pouvoirs publics.
“Il y a la pollution automobile et puis, il y a la pollution qui peut venir par exemple des feux de cheminée. Il faut vraiment arrêter les feux de cheminée à foyer ouvert parce qu’on estime que 2 heures de feux de cheminée ça équivaut à 2000 kilomètres avec une voiture diesel non révisée donc c’est vraiment très très polluant le feu de cheminée”.
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