La lecture peut-elle disparaître ?
(Visage actuel des pratiques de lecture)
Auteur d’essais sur le langage et la littérature, Claude Le Manchec a été formateur d’enseignants et membre du groupe de travail sur la littérature de jeunesse à l’Observatoire National de la Lecture (Ministère de l’Éducation nationale)
Traditionnellement, on associe lecture et livres, lecture et supports papier. Or, les technologies numériques se sont emparées à la fois du livre (E-book) et de toutes les pratiques de lecture : recherche d’informations, lecture de fictions, de documents…
Ces nouveaux outils semblent bouleverser les compétences mises en jeu habituellement : liens hypertextes qui superposent plusieurs supports en même temps, associations de textes et d’images, de textes et de sons (Podcast)…
Le lecteur est moins absorbé par son roman ou son essai ; il « surfe » sur la vague des écrits au risque de perdre le fil de ses recherches premières. Ces écrits sont plus courts, plus « simples », plus attrayants. Trop simples, peut-être ?
On peut légitimement s’interroger sur la valeur de telles pratiques, mais aussi être raisonnablement optimiste et déclarer que les pratiques de lecture se diversifient, que la lecture se démocratise.
On peut aussi s’inquiéter de l’aspect superficiel de la compréhension des écrits que le numérique suppose, de la faible qualité des contenus proposés.
Du coup, la culture livresque qui plaçait la littérature au sommet semble reculer au profit d’autres Un débat fait rage que de nombreux intellectuels ont relayé : Michel Serres (Poucette), Alain Bentolila (L’Ecole contre la barbarie), Yves Citton (Médiarchie)… De nouvelles formes de lecture apparaissent. Tantôt, elles agacent ; tantôt, elles inquiètent. Les plus pessimistes associant ces changements à un écroulement de l’esprit critique.
La lecture peut-elle disparaître ? Le but de notre conférence est de résumer les enjeux de ce débat, de prendre le recul de l’Histoire et de tenter d’y voir clair et de susciter la réflexion.
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