
Le Cercle Condorcet Annecy a sollicité Théo Aiolfi pour nous aider à comprendre ce concept. Ce terme a une forte connotation péjorative, il condamne d’emblée celui dont on l’accuse. Le populisme ne date pas d’aujourd’hui, il a une histoire, des invariants mais aussi des évolutions. Dans son travail Théo Aiolfi nous montre comment à travers la crise migratoire l’Extrême Droite l’utilise. Ce texte analyse la relation entre le populisme, l’extrême droite et la mise en scène de la crise migratoire comme exemple. En voici les points clés. Le populisme n’est pas intrinsèquement lié à la migration, mais son association avec l’extrême droite a créé cette perception. L’article adopte une approche discursive-performative du populisme, le définissant comme un style politique plutôt qu’un ensemble d’idées. Le populisme utilise trois types de performances : identitaires, transgressives et de crise. La “mise en crise” est un élément central du style populiste, permettant de cadrer des enjeux comme des menaces existentielles. L’extrême droite utilise le style populiste pour présenter la migration comme une crise, associant systématiquement l’immigration à des termes hyperboliques et déshumanisants. Le discours de l’extrême droite transforme la crise migratoire en crise identitaire, présentant les migrants comme une menace pour l’identité du “peuple”. L’utilisation du concept de “peuple” permet à l’extrême droite de légitimer son discours xénophobe en le présentant comme une défense de l’identité populaire. Le style populiste a ainsi permis à l’extrême droite de moderniser et normaliser son discours anti-immigration. En dépassant cet exemple, au cours de cette conférence il compte bien présenter ce qu’est le populisme en fournissant des clés de lecture claires et accessibles pour pouvoir l’identifier dans l’espace public. Dans sa recherche, il défend une approche critique, dite “stylistique”, du populisme qui le définit comme une façon contestataire d’articuler des idées. En soi, il affirme l’idée qu’il s’agit plus de forme que de fond, et que le populisme n’est pas en soi une menace pour la démocratie. Au contraire, il défend l’idée que le populisme peut être utile quand il remet en cause l’élitisme et la déconnexion populaire d’une certaine pratique de la démocratie libérale. Cependant, il montre également dans sa recherche que l’instrumentalisation du répertoire populiste par l’extrême-droite est lui un vrai danger, et c’est ce à quoi il a dédié son premier livre qui n’est pas encore traduit en français. Il analyse le parcours de Trump et celui de Marine Le Pen en les comparant. Nous pourrons après l’avoir écouté débattre avec lui pour mieux comprendre.
MERCREDI 26 MARS 19h Salle Yvette Martinet rue des Îles à Annecy