Comment en sommes nous arrivés là !

Peut-on accepter que le prochain 14 juillet puisse devenir un moment célébrant une victoire de l’extrême droite en France ?

La démocratie française est mise en danger par l’effet même de son exercice dans l’élection de ses députés. Nous risquons de voir élus et constituer une majorité, ou un groupe dominant, les représentants de partis d’extrême droite dont toute l’histoire se rapporte au rejet de la République, au racisme, à la xénophobie, à l’inégalité des hommes et des peuples, quoiqu’ils en laissent paraitre aujourd’hui. S’ils parviennent au pouvoir, ils reviendront sur des fondements de notre République. Ils attenteront certainement aux libertés, de penser et d’agir, sous prétexte de la nécessité d’obéir à l’autorité. Ils s’attaqueront à l’école républicaine et laïque, sans nul doute. Ils restreindront les moyens de l’égalité entre les citoyens, notamment en abolissant le droit du sol. Ils limiteront la fraternité et la solidarité en la réservant à ceux qu’ils désigneront comme seuls dignes.

 L’idéologie « nationale » qui les conduit n’a pas changé de fond depuis ses expressions vichystes. Elle est en complète opposition avec l’esprit des lumières qui a conduit la Révolution Française et qui s’est renouvelée avec le Conseil National de la Résistance.

Condorcet fut de ceux qui défendit les noirs, comme des égaux. Qui appela à la reconnaissance de la femme comme citoyenne. Qui proposa une démocratie au plus proche des citoyens et qui porta l’espoir que l’éducation publique et laïque permît à tous d’exercer cette citoyenneté sans dépendre d’autorité supérieure.

Cette idéologie nationale manifestée lors d’élections européennes est-elle le symptôme d’un mal profond ? D’une perte d’espérance dans l’avenir, de confiance dans la démocratie ?

La construction européenne s’est faite sur la promesse de la paix : plus jamais ça ! À l’envers du nationalisme, car les nations, en coopérant, gardent et même renforcent leurs identités, accroissent leurs forces. Le nationalisme disait François Mitterrand, c’est la guerre. L’avons-nous oublié ? Nous y sommes.

Condorcet dans son célèbre « paradoxe » analysait l’intransitivité du choix à la pluralité des voix : Un choix collectif n’est pas la somme de choix individuels. Notre système électoral l’a souvent montré. C’est pourquoi le système représentatif doit aussi mettre en valeur la représentation des citoyens, et que ceux-ci le soient de manière continue et pas seulement au moment du vote.

C’est sans doute ce qui fait qu’une partie des Français ne se retrouvant pas dans les conséquences des décisions prises, depuis assez longtemps, estiment aujourd’hui qu’il faut essayer autre chose. Quitte à ce que ce nouveau choix réduise la citoyenneté : finalement peu leur importe. C’est entre « eux » et « nous » pensent-ils peut-être.

Ce schisme est profond et grave entre les « élites » et ceux qui se sentent déclassés, marginalisés, incompris, relégués, … n’ayant plus voix au chapitre. Mais doit-on le laisser aller à son aboutissement ?

NON.

Il est nécessaire pour la démocratie républicaine, laïque, sociale et solidaire de ne pas le laisser advenir.

Dans tous les cas, il faut voter contre l’extrême droite.

Mais aussi expliquer les raisons et donner de l’espoir en revenant aux fondamentaux républicains : Liberté, Egalité, Fraternité. C’est à dire ouvrir la voie à une rénovation démocratique de la société française (et sans doute européenne). Lutter contre la pensée TINA (Il n’y a pas d’alternative de Margaret Thatcher), montrer qu’il y a autre chose que le néolibéralisme qui conduit le monde vers sa perte écologique et sociale.